L’Association de la presse étrangère (FPA), qui regroupe quelque 480 journalistes de la presse internationale actifs en Israël et dans les Territoires palestiniens, a dénoncé ce dimanche la destruction samedi par l’armée israélienne de la tour Jala à Gaza, où se trouvaient notamment les locaux de l’agence de presse américaine Associated Press et de la télévision qatarie Al-Jazeera. Pour la FPA, cette frappe soulève « des questions profondément inquiétantes sur la volonté d’Israël d’interférer avec la liberté de la presse ».
. »Nous remarquons qu’Israël n’a pas présenté la moindre preuve pour soutenir ses affirmations selon lesquelles le bâtiment était utilisé par le (mouvement islamique au pouvoir à Gaza, NDLR) Hamas », a pointé l’association dans une lettre. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait justifié la destruction de l’immeuble de 13 étages en soutenant que celui-ci abritait des « cibles terroristes ».
La FPA a indiqué avoir demandé de rencontrer les autorités israéliennes à ce sujet. L’agence AP s’était dite « choquée et horrifiée » par cette frappe israélienne, la qualifiant de « développement incroyablement inquiétant » et déplorant que le monde serait désormais « moins informé sur ce qu’il se passe à Gaza à cause de cet événement ».
De son côté, Al-Jazeera a dénoncé un « crime » et une tentative de « réduire les médias au silence » par l’armée israélienne. Pour Fabrice Fries, le CEO de l’agence de presse française AFP – également présente à Gaza -, il s’agit d’un « ciblage délibéré » dont l’objectif est d' »éviter la couverture des événements à Gaza », a-t-il déclaré au journal télévisé de la RTBF.
« Limpide », l’exercice est toutefois « habillé par un discours qui prétexte la présence de moyens militaires » dans la tour Jala, alors que « le président d’Associated Press l’a démenti ». Cet acte s’inscrit selon le patron de l’AFP dans un « mouvement de fond » contre les médias. En réponse à cette attaque contre la presse, l’AFP a accueilli les journalistes d’AP et Al-Jazeera dans ses locaux pour que « ce ciblage rate son but ».
« Nous allons redoubler la couverture » médiatique des violences israélo-palestinienne, a affirmé M. Fries. Ce dernier a en outre dénoncé la « désinformation » et la « manipulation » de l’armée israélienne, qui avait annoncé avoir lancé une offensive terrestre sur Gaza avant de revenir sur ses propos vendredi, évoquant un « problème de communication en interne ».
L’objectif de cette annonce, selon M. Fries, était « de faire sortir (à découvert, NDLR) certains combattants du Hamas ou de les faire entrer dans les souterrains pour pouvoir les bombarder ». « Dans un cadre plus large, ce type de désinformation, d’intoxication, est désormais complètement intégré dans la stratégie militaire des différents pays », a-t-il averti. (Belga)