CultureL’Italie confisque une superbe statue grecque au musée Getty de Los Angeles

L’Italie confisque une superbe statue grecque au musée Getty de Los Angeles

C’est l’aboutissement de dix-sept ans de procédure : le mois dernier, l’Italie a obtenu qu’une statue grecque en bronze vieille de plus de 2 000 ans, découverte au large de ses côtes en 1964, lui soit restituée par le musée J. Paul Getty de Los Angeles, qui l’avait en sa possession depuis 1977 ! Surnommée « L’Athlète de Fano » ou « L’Athlète victorieux », La Statue de la jeunesse victorieuse, superbe sculpture du IVe siècle avant J.-C., représentant un éphèbe nu grandeur nature, est attribuée à un grand artiste de l’Antiquité : le sculpteur grec Lysippe (390–305 avant J.-C.), qui fut le portraitiste attitré d’Alexandre le Grand.

Une procédure entamée par l’Italie en 2007

Il y a soixante ans, des pêcheurs italiens la trouvaient au large de Fano, ville de la côte Adriatique, au centre-est de l’Italie.

Immédiatement vendue à un marchand, elle avait alors été exportée sans autorisation vers le Brésil, puis avait changé plusieurs fois de propriétaire avant d’être achetée à Munich en 1977 par le musée J. Paul Getty de Los Angeles pour 3,9 millions de dollars de l’époque.

L’œuvre est depuis exposée à la Villa Getty, sur les hauteurs du quartier de Pacific Palisades. Depuis des décennies, l’Italie tentait désespérément de la récupérer. En 2007, Rome lançait une procédure et obtenait en 2010 une décision de confiscation auprès de

la justice italienne. « La statue ne fait pas partie du patrimoine culturel italien et n’en a jamais fait partie. La découverte accidentelle de cette statue par des ressortissants italiens n’en fait pas une œuvre italienne », avait répliqué sèchement un responsable de la fondation Getty. Déboutée en 2018 par la Cour de cassation italienne, cette dernière avait décidé en 2019 de saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour atteinte à son droit de propriété.

La fondation Getty avait fait preuve de « négligence »

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Pour plus d’informations, consultez nos mentions légales. Mais le 2 mai 2024, les juges de la juridiction internationale siégeant à Strasbourg ont définitivement donné raison à Rome. Dans son arrêt, la Cour européenne a estimé que « les autorités italiennes ont démontré […] que la statue faisait partie du patrimoine culturel italien », car il « existait une continuité entre la civilisation grecque, qui s’était étendue en territoire italien, et l’expérience culturelle romaine subséquente ».

La Cour a par ailleurs souligné qu’« en achetant la statue en l’absence de toute preuve que sa provenance fût légitime, et en parfaite connaissance des prétentions formulées par les autorités italiennes à son égard », la fondation Getty avait fait preuve de « négligence », voire « peut-être » de « mauvaise foi ». Une décision dont s’est réjoui le ministre italien de la Culture, Gennaro Sangiuliano, et qui pourrait donner de l’espoir à d’autres États soucieux de récupérer des œuvres… S’ils ont assez de patience face aux délais de la justice !

R.I.

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