Les personnes d’origine africaine se sentent comme des citoyens de seconde zone, et c’est la raison de leur colère contre l’Etat, déclare à Anadolu un chercheur à l’Institut Libre des Relations Internationales et des Sciences Politiques de Paris.
Les récentes manifestations en France, suite à la mort d’un adolescent d’origine algérienne abattu par la police, montrent que le gouvernement ne se préoccupe pas de la situation, a déclaré un analyste politique à Anadolu.
« Le président Emmanuel Macron fait de nombreuses déclarations incohérentes et contradictoires. Il n’a toujours pas trouvé de solution à la situation. Il se contente de parler et de blâmer les gens, en ciblant les médias sociaux et les familles », a déclaré Aurélien Denizeau, chercheur à l’Institut Libre des Relations Internationales et des Sciences Politiques de Paris (ILERI).
Les manifestations de protestation ont commencé le mois dernier, après que Nahel M., 17 ans, a été tué par la police lors d’un contrôle routier dans la banlieue parisienne de Nanterre, au motif qu’il avait refusé d’obtempérer à l’ordre de s’arrêter.
« On a prétendu que les policiers avaient été menacés par le jeune et qu’ils avaient tiré pour riposter, mais les images vidéo qui ont été diffusées contredisent ces affirmations », a déclaré Denizeau.
Les manifestations ont rapidement pris de l’ampleur à Paris, d’autant que le fait que le gouvernement n’ait pas pris les mesures nécessaires en sanctionnant le policier a déclenché une vive réaction de la part de l’opinion publique, a-t-il ajouté.
Le policier auteur du coup de feu mortel est désormais mis en examen pour homicide volontaire et a été placé en détention provisoire.
Denizeau a expliqué que de nombreuses raisons expliquent les troubles : « Les manifestants estiment que le policier a eu un comportement raciste parce que le jeune qui a été tué était d’origine algérienne. L’Algérie s’est déclarée préoccupée par la sécurité de ses ressortissants en France. Dans notre société, les personnes d’origine africaine se sentent comme des citoyens de seconde zone, et c’est la raison principale de leur colère envers l’État. Il est difficile de dire qu’il n’y a qu’une seule cause à ces événements ».
Le chercheur a souligné que des manifestations ont été organisées dans plusieurs pays pour soutenir les protestations en France, créant ainsi un sentiment de solidarité entre les peuples opprimés et marginalisés au-delà des frontières du pays.
Le gouvernement ne comprend pas les vrais problèmes
Selon Aurélien Denizeau, le gouvernement français a abordé les manifestations sans tenir compte des principales revendications de la société ; il a ajouté que les politiciens ne voulaient pas se concentrer sur les vraies raisons sous-jacentes à ces mouvements de protestation.
« Le vrai problème est ignoré. Cela montre que le gouvernement ignore les réalités de la France (…) Le gouvernement ne comprend pas les vrais problèmes du pays », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter : « Les manifestations étaient une réaction aux violences policières. Les événements ont ensuite dégénéré en une explosion de colère. La violence policière en France est un problème grave pour les immigrés et l’ensemble de la société française ».
Des milliers de personnes sont descendues dans la rue en France après la mort de Nahel.
Des véhicules et des bâtiments publics, dont des mairies et des écoles, ont été incendiés et la police a arrêté 4 000 personnes, principalement des adolescents, a déclaré la semaine dernière le ministre de l’intérieur, Gerald Darmanin, au Sénat français.
La police a également saisi des tonnes de feux d’artifice dans plusieurs villes, notamment dans la capitale et à Rennes, stocks qui, selon elle, pourraient être utilisés lors de nouvelles manifestations.